Le Cirque des Brumes

Le Cirque des Brumes est un Blog concernant la création pas à pas du jeu de rôle du même nom. Ce jeu de rôle, plein d'onirisme et de poésie, se situera dans un cirque parcourant la France à la Belle- Epoque, avec dans ses roulottes les célèbres clowns, trapézistes, jongleurs mais aussi les Freaks, les "monstres de foire".

Nom :
Lieu : LORIENT, Morbihan (56), France

Le Géant Petit je suis quand pour les enfants et l'onirisme j'écris, Greg Romano pour de l'Epouvante et du fantastique et Finn pour mes amis. Sinon, simplement Anthony dans la vie de tous les jours, auteur amateur de jeu de rôle, nouvelles et romans fantastiques, pour les petits et grands.

8 juillet 2005

"L'Homme Canon"

Et encore un artiste pour le Cirque! Cette fois, il est l'oeuvre non de Geoff ou de ma personne, mais de 3Chants, qui est aussi contributeur sur Némédia. Mais trêve de bavardage et je vous laisse découvrir sa prose, avant de vous faire profiter en ce lieu d'ici très peu de temps de la vie des acrobates du Cirque des Brumes

L'Homme Canon


« C’est l’heure de ta pilule ! »
La voix d’Archibald venait de résonner comme un couperet dans la tête d’Anatole.


Lorsque Anatole Tromblon naquit, Archibald avait 3 ans.
L’arrivée de son petit frère fit basculer sa vie. De petit prince, il devint délaissé. De petit roi, il devint rabaissé.
Il aurait du s’en douter…
Lorsque le vieux médecin sortit l’enfant du ventre de sa mère, il était si petit et si faible qu’il le crut mort né. Son destin fut alors celui que l’on réserve en tel cas, et il fut jeté purement et simplement aux milieux des poubelles de la maison. C’est lorsqu’on entendit son premier cri que la vieille gouvernante courut le rechercher ne prenant même pas garde à lui, le bousculant, et le grondant ensuite pour s’être mis en travers de sa route.

Sur ordre du médecin et dès son plus jeune âge, Anatole dut enchaîner de lourds traitements médicamenteux, testant jour après jour, semaine après semaines de nouvelles ordonnances, accaparant toute l’attention de sa mère qui délaissa petit à petit son aîné.
Pour Anatole, le calvaire commençait.
Anatole vivait en reclus, la plupart du temps enferré dans des atèles pour maintenir ou sa jambe ou son bras cassé.
SA mère désespérait de trouver une solution, jusqu’au jour où un apothicaire passa dans le village. Revenant du nouveau continent, il avait une pilule miracle qui renforçait les os de quiconque l’ingurgitait.
Pour la mère des deux enfants, le calvaire de son plus jeune fils allait enfin s’achever.
Enfin presque…car la pilule avait un effet secondaire. Elle avait la fâcheuse tendance après quelques heures à créer des trous dans l’estomac du pauvre garçon. Et Anatole apprit donc à vomir…
Et lorsqu’il ne souffrait pas de fractures ou ne vomissait pas, Archibald, pour se venger de ce petit frère qui accaparait sa mère, lui faisait subir les pires tortures dès qu’il se trouvait seul avec lui, tentant même un jour de le noyer.

Quelques années plus tard, sur son lit de mort, sa mère fit jurer à son aîné de s’occuper de son petit frère, et pour s’en assurer dicta dans son testament qu’elle léguait ses biens à ses deux fils à part égal, uniquement si le plus jeune atteignait l’âge du Christ à sa mort.
Alors Archibald dut prendre soins de son frère afin qu’il atteigne ses 33 ans.

Lorsque le cirque des brumes passa dans leur campagne, Archibald s’engagea avec son frère auprès de Monsieur Gulliver.

C’est ainsi que quelques mois plus tard, Archibald mis au point le numéro de l’homme-canon.


« C’est l’heure de ta pilule ! »
Comme à l’accoutumé, Anatole était alité les bras pendants le long de sa couche. Archibald lui glissa la grosse pilule sous la langue et lui plaça l’entonnoir sur la bouche, puis prenant le premier seau d’eau à ses côtés, commença à le déverser, puis un deuxième, puis un troisième, inlassablement, observant le ventre de son frère gonfler comme une baudruche.
Il poursuivit sa manœuvre jusqu’à ce que son frère ressemble à un énorme ballon et marque les premiers signes de refus. Déposant le seau au sol, Archibald fit glisser son frère hors du lit, puis le poussant, il le fit rouler jusqu’à la piste où lumières, fanfares et cris d’enfants les entourèrent. Aidé par les deux clowns, il fit entrer Anatole dans le fut du canon qui pointait vers la cible placée en haut du chapiteau. Saisissant la torche, il alluma la mèche et se boucha les oreilles.

BOUM !

Anatole, l’homme-canon venait d’être propulsé vers la cible, et lorsque son ventre la heurta, il vomit toute l’eau qu’il venait de boire et son corps maigrelet entama une chute vers la piste. En bas, les deux clowns munis d’un brancard se mirent à courir en zig zag et au dernier instant se mirent juste en dessous du corps pour le réceptionner sous les hourras de la foule.

Anatole venait de prendre son médicament.